Hier, nous célébrions l’appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle, qui a préfiguré la grande aventure de la France Libre. Aujourd’hui, c’est notre liberté monétaire qui semble se rapprocher à grand pas, tant les évènements vont dans le sens d’un retour au franc.
Le basculement de l’opinion
Il y a quelques mois, un sondage indiquait que 69% des Français avaient la nostalgie du franc, chiffre énorme étant donné l’ampleur d’un tel changement. Deux phénomènes permettaient d’expliquer ce résultat. Tout d’abord, les Français ont le sentiment justifié que le passage à l’euro a permis une augmentation du prix de nombreux produits ou services (la baguette, le café…) du fait de la perte de repères qu’a occasionné le passage à la monnaie unique européenne.
Mais c’est également l’attachement à l’euro qui est faible car il n’a clairement pas tenu les promesses de croissance et d’emplois qui avaient été faites par les promoteurs de cette expérimentation monétaire hasardeuse lors de la campagne du traité de Maastricht en 1992. L’euro n’a pas été le bouclier qui était sensé nous protéger des crises ou de la spéculation. Et il n’a pas non plus favorisé la croissance du continent européen, qui est de plus en plus faible. Pourtant, 95% des médias et des hommes politiques qui passent à la Télévision nous explique doctement et en refusant toute contestation, que l'Euro nous a protégé de la crise. Mais, comme en 2005, les français ne gobent pas ce mythe. Un sondage révèle ainsi que 62% des Français pensent que l’euro a aggravé la crise.Une belle victoire idéologique pour ceux qui, comme moi, se battent depuis longtemps pour monter que l’euro est un boulet pour les économies européennes.
Comment revenir au franc ?
Mais le fait que les Français soient convaincus que l’euro est un boulet n’est qu’une victoire sur le chemin du retour à notre souveraineté monétaire. En effet, deux batailles majeures doivent être encore conduites. La première est de convaincre que revenir au franc serait une bonne chose. Cette bataille est d’ors et déjà bien engagée à en juger par les résultats du sondage. La dernière bataille, la plus dure, sera de convaincre les Français qu’il est possible, voir même facile, de revenir au franc.
C’est pourquoi la publication d’une tribune intitulée « Comment va-t-on recréer le franc » par Gérard Lafay dans le Monde peut être considérée comme un véritable évènement, comme si non seulement il était acquis qu’il faut revenir au franc, mais également que les évènements vont forcément nous mener à une telle décision. Gérard Lafay dédramatise le retour aux monnaies nationales en expliquant qu’il y a de multiples exemples récents (ancienne Tchécoslovaquie, Yougoslavie, URSS).
Le retour au franc peut être organisé en quelques mois à peine, le temps d’imprimer les billets et les pièces. Il conviendrait sans doute de prendre la décision, de lancer la production de la nouvelle monnaie mais de ne l’annoncer qu’une fois la production terminée. Ainsi, une opération commando pourrait être menée pour tout changer en quelques semaines. Dans l’intervalle, il conviendrait sans doute de limiter les mouvements de capitaux. La dette serait convertie d’autorité en franc pour éviter tout risque.
C’est une très bonne nouvelle : les Français n’en sont plus à se demander s’il faut revenir au franc, mais à comment cela pourrait-il se faire. La dernière question qui pourrait se poser sera alors quand cela va-t-il arriver : dans quelques mois ou dans plusieurs années ?
Laurent Pinsolle